lundi 31 décembre 2007
M e t a m o r p h o s e s
A force de se faire dire "you look indian!" partout ou nous allons, David a connu une inquietante phase de mimetisme qui lui a fait adopter le look indien, au grand desespoir de Catherine. Mais cela n'est peut-etre du qu'aux coiffeurs indiens qui ne rasent jamais la moustache lorsqu'on leur demande de vous faire la barbe...
Quant a Gaspard, le pire est a craindre.
S'il lui arrive de se prendre, de temps a autre, pour le centre de l'univers, sa passion pour les dieux hindous l'a conduit a adopter definitivement la posture divine. De temps a autre, son regard devient serieux, et il nous benit d'un air inspire... Il se croit a present une toute puissante incarnation de vishnou.
Seule Catherine, qui a deja foule cette terre mystique, ne porte aucune trace exterieure de transformation. Peut-etre n'est-ce la qu'un signe que la metamorphose est beaucoup plus profonde...
Pour cette nouvelle annee, faisons le souhait que nos amis nous reviennent de l'Inde indemnes et reconnaissables!
Bonne annee 2008!
xxx
samedi 22 décembre 2007
GOA
Goa est un minuscule etat qui se distingue du reste du continent indien a bien des niveaux. Ancienne colonie portuguaise, cette petite enclave sur l'ocean indien est connue pour ses plages de sables blancs, mais aussi pour ses partys Raves, sa cuisine locale a base de fruits de mer et son abondance d'alcool (chose rare en Inde).
Mais la reputation party de Goa appartient deja au passe... Si il y a trente ans, les hippies se promenaient nus sur les plages desertes au grand dam des indigenes, et si il y a dix ans l'epoque Rave battait son plein, les autorites locales ont veille depuis a calmer le jeu. Interdit maintenant de se trimballer a poil et de faire jouer du boom-boom toute la nuit. Les plages desertes sont aussi choses du passe -ou presque- puisque l'offre a maintenant rattrappe la demande touristique: les plages sont bordees de bars, de restaurants, de boutiques...
MAIS ces petites desillusions mises de cote, les plages de Goa, comme celle d'Arambol, ou nous nous sommes d'abord installe pour une semaine, sont magnifiques. Voici deux vues de Sweet Lake, a Arambol, un petit coin tres calme ou nous avons loue une hutte (celle au centre avec le drap blanc).
En face de la mer, de l'autre cote d'un bras de plage, se trouve le fameux lac, encercle de montagnes. On se croirait dans Le Lagon Bleu. Gaspard s'y plaisait particulierement.
Nous occupons le plus clair de notre temps a se baigner dans l'ocean, a bouffer (moins de thali indien et beaucoup plus de fruits, de la salade, des fruits de mer et de biere Kingfisher...) et a lire sur la plage.
Personnellement je ne me sens pas du tout dans le temps des fetes. Le Noel des campeurs, dans mon esprit, se situe bien haut dans mon pantheon des ketaineries. Alors c'est vous dire comment je suis dispose a faire abstraction de cette fete lorsque je me fais bronzer.
Alors... Quelle ne fut pas ma surprise, alors que nous nous dirigieons vers un restaurant, hier soir a Anjuna, de tomber sur le Pere Noel et sa cohorte de lutins.
Gaspard a tout de suite detecte l'imposture: il portait un masque de plastique et n'avait meme pas de bedaine. En Inde, le Pere Noel de recoit pas des enfants sur ses genoux, il demande l'aumone!
Il faut savoir qu'a Goa, vu l'heritage des portuguais, la religion chretienne se porte bien, meme si elle est appretee a la sauce hindie: Ici Jesus, au meme titre que Boudha, est considere comme une autre incarnation de vishnou. La Vierge Marie a egalement beaucoup de fideles, ainsi que Saint-Francois Xavier, un martyre que est considere comme un heros local.
Bref, on fete Noel a Goa, et ce n'est pas du tout a cause des touristes!
Nous avons maintenant entrepris de descendre la cote a pied, en longeant les plages, jusqu'a Palolem, ou peut-etre meme Gokarna. Mais nous avons l'intention de voir l'intrigante ville d'Hampi. Il va falloir choisir. Nous ne savons donc pas exactement ou nous serons a Noel, mais cette errance nous plait bien.
Nous vous souhaitons un joyeux Noel plein d'amour et de partage! Nous seront certainement avec vous en pensee, ou que nous soyons!
A bientot!
(Ah oui, Maman, peux-tu enregistrer le bye-bye?)
-David
mardi 11 décembre 2007
Le Rajasthan
Jodhpur, la ville bleue.
Peindre sa maison en bleu attire sur sa famille la bienveillance des dieux, et accessoirement, il parait que ca eloigne les moustiques. C'est pourquoi la majorite des habitants de Pushkar peinturent encore aujourd'hui le platre qui recouvre leurs maisons de bleu. L'effet est splendide, surtout vu du haut du fort de Meranghar, une forteresse immense perchee sur d'abrupts ravins de pierre rouge.
Cette forteresse, qui n'a cesse d'etre aggrandie au cours des siecles, est a couper le souffle. (On a commence sa renovation qu'en 1972 afin d'ouvrir ses portes au public) Et les photos rendent difficilement la somme etourdissante de travail qu'elle represente. Les fenetres sont toutes des ecrans de pierre sculptes de motifs geometriques varies et meticuleux, rafines comme de la dentelle, de la meme facon qu'au Taj Mahal.
Jodhpur est une ville agreable, et tres belle, ou il fait bon flaner pres du clock tower, au omellette shop (incontournable) ou aux juice bars. Notre premiere halte au Rajasthan me laisse en outre une impression de richesse. La richesse de son histoire que nous rappelle l'omnipresent fort qui surplombe la ville, mais aussi la richesse que suggerent les couleurs, les senteurs d'epices et la fierte des habitants, qui semblent moins a l'affut des touristes.
Jaisailmer, la cite du desert.
Toute petite ville encastree dans un fort de pierre jaune (pierre de l'age jurassique, a la patine luisante suite a des siecles de tempetes de sable et des milliards de gens qui ont foules ses marches et touches ses murs... Et dont la photo rend tres mal l'aspect dore) specialisee dans le commerce de textiles. Notre chambre a Jaisailmer fut l'une des plus pittoresques, dans une guest house heritant du style haveli typique au Rajasthan situee au coeur du fort.
De Jaisailmer, on peut atteindre le desert profond en deux jours. Au grand plaisir de Gaspard, nous sommes donc parti pour trois jours et deux nuits a dos de chameau, accompagne de Tiger, notre guide et cuisinier. Belle experience. Un chameau, ca pue et ca elance les cuisses, mais c'est un animal paisible qui ne fais jamais de probleme. Gaspard pouvait monter son propre chameau -surnomme capitaine Caca- tout seul.
Si vous voulez savoir plus sur ce qu'on a mange durant notre periple dans le desert, allez jeter un coup d'oeil au dernier message de Gaspard
Pushkar, un oasis borde de temples.
Autours d'un lac qui abrittait autrefois des crocodiles mangeurs-d'hommes (!) s'est construite la ville de Pushkar, qui rappelle un peu Varanasi (Benares) par ses gaths, son aura sacree et sa multitude de temples. En beaucoup plus petit et paisible. C'est pourquoi la ville est une destination choyee des touristes et des hippies de tout accabit.
Une vue de Pushkar a la tombee du jour, du haut de la montagne au centre de la photo precedante.
On y mange bien, les gens sont relax selon les standards indiens et on y trouve une grande quantite de guest houses et de restaurants pour tous les gouts. Notre guest house, Moon Cafe, est par contre la plus cool de toutes. Nous habitons dans une cabane a laquelle on accede par une echelle en bambou, et de laquelle on voit le soleil se coucher, les montagnes escarpees, un champs de roses, le lac de Pushkar avec son pont rose et le sommet de nombreux temples. L'endroit est frequente par des voyageurs de partout qui, seduits par le lieu (qui a des airs de commune avec ses petites huttes et son parc cloture) se lient d'amitie et succombent a un etrange esprit de famille. Vous allez a Pushkar? Il faut aller au Moon Cafe.
Je crois que Gaspard aimerait bien que je raconte cette annecdote:
A Pushkar, on s'est arrete prendre un chai au techno-chai chop (Adelie saura de quel endroit il s'agit) et Gaspard, qui a de nouveau une poussee de passion pour les echecs, a defie un americain dans la vingtaine, qui relaxait en regardant les gens passer avec ses amis. En s'amusant de l'audace de ce petit garcon de sept ans, il dit: "je te payerais bien une biere, mais comme t'es un enfant, tu choisiras ce que tu veux si tu arrive a me battre! Let's go, Gary Kasparov!"
Catherine et moi avons assiste alors a la lente humiliation de ce fier texan qui, devant ses amis, a perdu la face devant ses chums. Un quart d'heure plus tard, Gaspard mettait son adversaire echec et mat sans dissimuler sa jubilation.
Les amis de l'americain on insiste pour qu'il remplisse sa promesse et quand Gaspard s'est mit a lorgner les palettes de chocolat (l'une des choses qui coutent cher en Inde) ils se sont mis a crier: "take the big one! The bigger one!" Et Gaspard ne s'est pas gene. Celle qu'il a choisi coutait le meme prix qu'un copieux repas au restaurant.
"Nice to meet you! See you around!" Nous a dit le gars pendant que ses amis n'en finissait plus de se foutre de sa gueule. Gaspard ne touchait plus a terre en rentrant au guest house...
Debut decembre, le tres colore Rajasthan devient un peu frisquet la nuit, et nous devons normir avec des couvertures de laine. Mais inutile de vous dire qu'on ne se sent pas du tout en hiver, encore moins dans l'esprit des fetes! Meme si c'est la saison froide en Inde, c'est humide, ensoleille et chaud le jour, et on a tendence a oublier qu'on est en decembre... Nous avons donc ete tres etonnes de voir en premiere page d'un quotidien du Rajasthan une photo de Montreal sous la neige!!! Du point de vue de cette contree desertique, ce tapis de neige qui encombre les rues et bloque les areoports prend des allures surrealistes.
Et c'est en compatissant avec vous tous qu'on file vers le sud...
A bientot!
(En esperant trouver un internet broadband la-bas...)
-David